Psychotraumatologie : comment repérer un trouble dissociatif chez vos patients ?

image cerveau trouble

Les troubles dissociatifs sont au cœur de la psychotraumatologie clinique. Trop souvent passés sous silence, ils traversent pourtant de nombreux suivis thérapeutiques. Invisibles au premier abord, parfois confondus avec d’autres troubles, ils sont des manifestations fréquentes du psychotrauma, notamment dans les cas de traumatismes émotionnels complexes.

En tant que thérapeute, apprendre à repérer un trouble dissociatif, c’est améliorer la qualité de la prise en charge thérapeutique, prévenir et accompagner vos patients vers un mieux-être durable. Cet article vous donne un avant goût des repères cliniques concrets pour affiner votre pratique.

Qu’est-ce qu’un trouble dissociatif ?

Un trouble dissociatif est un mécanisme de défense psychique. Il survient lorsqu’un événement traumatique intense rend la fuite ou la lutte impossible. Pour se protéger, la personne peut alors se « détacher » de ce qu’elle vit.

En pratique, cela peut affecter :

  • la conscience,
  • la mémoire,
  • l’identité,
  • les émotions,
  • ou même la perception corporelle.

Ainsi, la dissociation peut soulager à court terme, mais perturber profondément la vie psychique et émotionnelle du patient à long terme.

Les troubles dissociatifs dans la classification clinique

Le DSM-5 distingue plusieurs types de troubles dissociatifs :

  • L’amnésie dissociative, avec ou sans fugue.

  • Le trouble dissociatif de l’identité (TDI), marqué par deux identités ou plus.

  • Le trouble de dépersonnalisation / déréalisation, où la réalité paraît irréelle.

Ces troubles peuvent apparaître seuls ou s’intégrer dans des tableaux plus complexes : TSPT complexe, troubles de l’attachement, troubles somatoformes, etc.

Ils s’accompagnent souvent de :

  • troubles dépressifs ou anxieux,

  • problèmes de régulation émotionnelle,

  • sensations de stress chronique.

Signes cliniques à repérer dans la pratique

Comment repérer un trouble dissociatif en séance ? Voici quelques signes à observer :

  • Discours décousus, trous de mémoire, flous dans le récit.
  • Douleurs ou symptômes somatiques sans cause organique.
  • Changements de ton ou de comportement soudains.
  • Sensations de dépersonnalisation ou de déréalisation.
  • En séance : absences, figements, ou automatismes.

Ces manifestations ne sont pas toujours faciles à interpréter. Cependant, replacées dans une perspective psychotraumatologique, elles prennent tout leur sens.

Pourquoi ces troubles passent-ils souvent inaperçus ?

Malgré leur fréquence, les troubles dissociatifs sont encore peu abordés dans les formations initiales en psychologie. Ils peuvent facilement être confondus avec des troubles psychotiques, un TDAH, un trouble de la personnalité borderline, ou même une manipulation.
La peur de « mal faire » ou la méconnaissance du trauma peut mener à une sous-évaluation, voire à une retraumatisation du patient. De leur côté, les patients eux-mêmes ont souvent intériorisé un discours de banalisation ou de déni, ce qui retarde la reconnaissance de leur souffrance.
La dissociation est parfois le symptôme d’un silence ancien, et mérite d’être accueillie avec délicatesse, sans pathologisation hâtive.

Comment évaluer et orienter ?

Il existe plusieurs outils cliniques validés pour aider au repérage :
• Le DES (Dissociative Experience Scale) : auto-questionnaire pour estimer la fréquence des expériences dissociatives.
• Le SCID-D : entretien semi-structuré pour une évaluation diagnostique approfondie.
En cas de suspicion de TDI ou de dissociation sévère, il est recommandé d’orienter vers un·e psychologue ou psychiatre spécialisé·e en psychotraumatologie.
La sécurisation de l’alliance thérapeutique est prioritaire. Il ne s’agit pas de « pousser » au dévoilement du trauma, mais de travailler phase par phase :
1. Stabilisation
2. Travail sur les traumas
3. Intégration
L’objectif est de donner du sens à l’expérience et d’accompagner vers un mieux-être durable, en respectant le rythme du patient.

Conclusion: se former pour mieux accompagner

Les troubles dissociatifs ne sont ni rares, ni anecdotiques. Ils sont souvent le cri silencieux d’un psychisme surchargé, ayant tout tenté pour survivre. En tant que thérapeute, psychologue, ou professionnel de santé mentale, les reconnaître, c’est ouvrir une porte vers la guérison.
Se former à la psychotraumatologie, via une formation spécialisée(lien intégré de formation) ou un workshop clinique, permet de :
• mieux entendre les mécanismes de dissociation,
• mieux accompagner les patients apaisés dans un cadre thérapeutique sécurisé,
• et redonner de la dignité à des trajectoires de vie trop souvent invisibilisées.
À travers une psychothérapie bienveillante, il est possible d’aider les patients à se libérer de leurs blocages, à consulter sans peur, et à retrouver un équilibre émotionnel.
Accompagner un·e patient·e dissocié·e, c’est avant tout rester présent, stable, et humain. C’est être là pour traiter sans brusquer, former sans figer, et guider vers un avenir apaisé.

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